Devenir concepteur de jeux vidéo, c’est un peu le Graal des gamers : on ne joue plus dans son coin, mais on participe à la création des univers qui feront le bonheur des joueurs du monde entier. Ce métier qui mélange connaissances techniques et créativité n’est toutefois pas accessible à tous : nombreux sont les candidats et rares sont les places. En résumé, devenir concepteur, ce n’est pas un jeu !
Concepteur de jeux vidéo : un rôle clé
Immergés dans le jeu, les gamers ont du mal à concevoir quels trésors d’imagination ont été requis pour créer brique par brique l’univers qu’ils sont en train d’explorer, avec ses décors, le déroulement de son récit, ses énigmes, ses personnages, ses musiques, etc. Pourtant il y a, derrière le plaisir du joueur, un travail de plusieurs années, un travail qui a impliqué des centaines de talents.
Il y a encore quelques décennies, il suffisait de beaucoup de volonté et d’une bande de copains passionnés pour programmer un jeu vidéo comme Space Invaders ou Pacman. Ce temps est révolu. De nos jours, le moindre projet réclame la participation conjointe de centaines de personnes, chacune maîtrisant un domaine distinct, un peu à l’instar d’un tournage de film.
Au sein de ce groupe varié, tous les rôles ont leur importance : les graphistes génèrent un univers visuel ex nihilo, en 2D ou en 3D. Les ingénieurs du son créent la bande sonore et les bruitages, éléments indispensables à une bonne immersion dans le jeu. Ensuite, les experts en marketing vont déterminer les meilleurs moyens de communication pour vendre le jeu.
Et, au cœur du système, se trouve le concepteur de jeux vidéo, ou game designer en anglais, l’architecte de l’ensemble, qui a la charge d’inventer et de mettre en œuvre les bons concepts pour que le jeu atteigne son but : être à la fois ergonomique, intéressant et divertissant.
Ce que le concepteur conçoit
En somme, le concepteur de jeux vidéo matérialise un concept de base et conçoit le gameplay, c’est-à-dire la mécanique du jeu, sa prise en main, son intérêt. Dans ce but, il coordonne les équipes depuis les débuts du projet jusqu’à son aboutissement. Ses missions consistent à :
- Écrire une histoire et rédiger un scénario
- Imaginer des personnages
- Inventer ou reproduire des décors
- Définir des règles (comme dans un jeu de société) : c’est ce qu’on appelle le gameplay, à savoir l’ensemble des possibilités et des interactions offertes aux joueurs
- Trouver le bon niveau de difficulté, pour que le jeu ne soit ni trop dur, ni trop facile
- S’assurer que les coûts de production entrent dans le budget
- Faire tester le prototype, et apporter des améliorations si besoin
Le game designer intervient à la suite du chef de projet (celui qui cible le public du jeu et son genre, et qui alloue un budget). Il commence par rédiger un cahier des charges (un « game designer document ») qui est mis à disposition de l’équipe de développement du jeu, et qui contient toutes les préconisations à suivre pour matérialiser son idée.
Un métier d’imagination et de rigueur
Le concepteur de jeux vidéo a donc plusieurs visages. Il doit faire preuve :
- D’une débordante imagination, car c’est lui qui construit entièrement l’univers du jeu, dans tous ses détails ;
- D’une excellente idée de la dramaturgie et de la construction d’un récit : il doit imaginer les énigmes, les phases de progression, inventer des épreuves inédites, et tout faire pour que le joueur reste scotché à sa console (en cela, il se rapproche du scénariste et du romancier) ;
- D’une grande maîtrise technique, car il intervient aussi dans le design d’ensemble ; il doit connaître parfaitement les logiciels de modélisation 3D, les images de synthèse, les langages de programmation, etc. ; quand il propose une idée, le game designer doit s’assurer qu’elle est techniquement réalisable, et pour cela maîtriser toutes les étapes de sa fabrication ;
- D’un fort esprit d’équipe, car il travaille avec des spécialistes dans tous les domaines, et doit coordonner les efforts de tout le monde ; il est l’architecte, mais aussi le chef d’orchestre, celui qui aplanit les difficultés et règle les problèmes, qui redonne confiance quand c’est nécessaire, qui rassure et encourage ;
- D’une vaste culture générale, de rigueur (il est un chef d’équipe, après tout), d’une capacité d’analyse très fine, de créativité… et d’une bonne résistance à la pression et au stress !
Sans oublier le plus important : le concepteur de jeux vidéo est avant tout un passionné. Il est lui-même gamer, est capable de concevoir un monde complet, de créer une ambiance originale… Chaque jeu est une petite planète à remplir, qu’il s’agisse d’une simulation de course ou d’un plus complexe et plus riche jeu de rôle. Qu’on se le dise : c’est un métier de vocation, auquel on n’arrive pas par hasard.
Quelle formation pour devenir concepteur de jeux vidéo ?
Les formations qui permettent d’accéder à ce métier sont nombreuses, et de tous niveaux :
- Il faut d’abord avoir obtenu un Bac général S ou ES, ou un Bac technique STD2A (sciences et technologies du design et des arts appliqués), puis choisir :
- Un BTS communication visuelle option multimédia ;
- Un BTS métiers de l’audiovisuel option métiers de l’image ;
- Un DUT information option imagerie numérique ;
- Une Licence professionnelle en université : par exemple, concepteur en niveaux de performances de jeux vidéo et numériques à Paris 13, coordination et conception d’univers vidéoludiques à Montpellier 3, etc. ;
- Une école privée : la France est très bien placée dans le secteur de la formation privée en jeu vidéo, et les écoles sont foisonnantes, comme Supinfogame (Valenciennes), ENJMIN (Ecole nationale du jeu vidéo et des médias interactifs numériques, à Angoulême), Les Gobelins (Paris), Isart Digital (Paris), etc. Comptez tout de même des frais de scolarité variant entre 5 000 et 8 500€.
Situation du métier
Comme l’on peut s’en douter, l’univers professionnel du jeu vidéo attire quantité de candidats, et les places sont chères – d’autant que plusieurs studios français ont mis la clé sous la porte ces dernières années. Intégrer un grand studio comme Ubisoft, le plus important de France, n’est pas aisé.
De fait, le concepteur de jeux vidéo commence parfois sa carrière par le métier de level designer, plus spécifique – et souvent en stage. Il apprend ainsi à construire les différents niveaux du jeu, et s’intègre à une équipe. Dans tous les cas, la recherche d’un stage comme d’un emploi implique de présenter des travaux personnels de création (jeux, créations graphiques, sites web, etc.).
Enfin, le métier de game designer ne se préoccupe pas des stéréotypes : les filles ont tout autant leur chance que les garçons quand il s’agit de décrocher un poste, et ce ne sont pas nécessairement les gamers invétérés qui réussissent, mais avant tout ceux qui se voient comme des créateurs.
Devenir concepteur de jeux vidéo, c’est changer le regard que l’on a sur sa propre passion : il ne s’agit plus de prendre du plaisir pour soi, mais d’en créer pour que les autres en profitent. C’est là la grande satisfaction du métier : savoir que son jeu a réuni et enchanté des millions de joueurs à travers le monde.