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La BD Garfield et le succès étaient félins pour l’autre

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La BD Garfield et le succès étaient félins pour l’autre

Chaque jour, dans le monde, plus de 260 millions de lecteurs disséminés dans une centaine de pays lisent une aventure de Garfield, le chat orange, cynique et amoureux de la bouffe dont le principal plaisir consiste à martyriser son maître. On pourrait qualifier cet engouement de phénomène, si le terme lui-même ne nous semblait pas encore trop faible. Récit d’une réussite qui fait « chat » au cœur.

Garfield, nom d’un chat !

Difficile d’être passé à côté de Garfield, ce matou de couleur orange devenu un animal emblématique de la bande-dessinée, plus encore que ses camarades Bill (Boule & Bill), Idéfix ou Milou. Garfield, c’est aussi la première fois qu’un chat a le beau rôle, quand traditionnellement ce sont plutôt les chiens qui rongent leur os en pleine bulle.

Si la BD Garfield est parvenue à s’infiltrer dans plus de 110 pays, s’est vue traduire en 28 langues et amuse chaque jour quelques 260 millions de lecteurs partagés entre les albums et les strips publiés dans quelques 2 500 journaux, il ne peut y avoir que deux raisons : soit le public a été mystifié par un maraboutage particulièrement efficace ; soit Garfield est un personnage fabuleux et addictif.

Dans la mesure où son éditeur, Dargaud, en a déjà publié 60 tomes au rythme de deux par an, et continue sur sa lancée ; où de nombreux hors séries et éditions annexes ont vu le jour, par exemple chez Bagheera ou en format poche chez Presse Aventure ; où la BD Garfield s’est déclinée en séries animées, jeux vidéo et longs-métrages de cinéma… Nous serions tenté de choisir la seconde solution.

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Ce que félin, fait l’autre

Qu’est-ce qui peut expliquer la réussite de ce gros chat orangé, dont les activités consistent essentiellement à manger (des lasagnes), boire (du café), dormir, tuer les araignées et grignoter les cuisses du facteur ? Son caractère, sans doute. Aussi paresseux que cynique, aussi imbuvable que philosophe, Garfield possède l’un des cerveaux les plus perfectionnés du règne animal.

Il faut voir les trésors d’intelligence qu’il déploie afin de donner libre cours à sa vaste fainéantise ou martyriser son maître Jon, pour se persuader que le cerveau, parfois, possède des voies impénétrables. Et Garfield est aussi caractériel : il déteste qu’on lui rappelle son âge (15 ans !), les chiens, les lundis et les cookies aux raisins. Quelque part, Garfield le chat nous ressemble.

Attachants, également, sont les autres personnages de la BD Garfield : Jon, son « maître », qui passe son temps à essayer de séduire la vétérinaire, à réviser ses accords de blues sur son accordéon et à admirer sa collection de timbres. On dit souvent que le chat est seul maître chez lui, et que l’humain lui est soumis : dans le cas de Garfield et Jon, la théorie est vraie.

La ménagerie entourant Garfield compte aussi Odie, un chien parfaitement idiot qui est à la fois son ami et son souffre-douleur ; Arlene, sa petite amie ; ainsi qu’un félin rival, Nermal, que Garfield déteste copieusement.

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Genèse de la BD Garfield

Il faut aimer les chats pour les représenter si bien à la pointe de sa plume. Jim Davis, son créateur, a grandi entouré de 25 matous dans sa maison de l’Indiana, aux USA. Né en 1945, asthmatique et chétif, Davis passe le plus clair de son temps enfermé chez lui à donner vie à son imaginaire à l’aide du dessin. Une ampoule s’allume dans sa tête quand il découvre qu’il peut y adjoindre du texte.

Entré dans une agence publicitaire après ses études, Davis devient, en 1969, l’assistant du créateur des Tumbleweeds, Jim Ryan. Il invente un personnage d’insecte, Gnorm Gnat, qu’il parvient à faire publier dans un journal local, mais que le syndicat national des dessinateurs éliminerait bien à coups d’insecticide. La raison ? On ne s’identifie pas à pareille bestiole.

Davis cherche une idée, et la trouve au fil de la réflexion suivante : on voit beaucoup de chiens dans les strips, mais jamais de chat. Garfield est né ! Ses premières aventures s’affichent dans les journaux en 1978, et le succès est immédiat. En 1981, alors que le félin orange squatte quelques 850 journaux, Davis fonde sa société Paws, Inc. afin de mieux gérer l’affaire.

Chat fait référence à quoi ?

Davis conçoit Garfield uniquement pour distraire. Il ne veut surtout pas en faire un vecteur d’idées politiques ou sociales : Garfield est simplement Garfield, contrairement à un autre chat dessiné, celui de Philippe Geluck. Et si position politique il y a, elle réside dans sa préférence pour les lasagnes à l’italienne. Il est, par contre, philosophe, et argumente volontiers sur sa condition féline.

Garfield tire son nom, ainsi qu’une majeure partie de sa personnalité, du grand-père de Davis, James A. Garfield, lui rendant ainsi hommage. Mais les connaisseurs d’Histoire américaine le savent : James A. Garfield est aussi le nom d’un président, assassiné au début de son mandat. Faut-il y voir une discrète, mais néanmoins réelle, référence politique ?

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Miauler pour mieux régner

Le triomphe de la BD Garfield ne s’arrête précisément pas aux bulles des strips et des albums. Comme d’autres icônes de la bande-dessinée, le matou de Davis s’est vu transposer sur de multiples médias différents :

  • Une série, « Garfield and Friends », diffusée à partir de 1988 sur CBS le samedi matin, acclamée par les spectateurs et par la critique. Ce fut l’émission la plus regardée dans son créneau horaire.
  • Une série d’animation française, « Garfield et Cie », en images de synthèse, diffusée sur France 3 puis Boomerang entre 2008 et 2013. Cette série, à son tour, a donné lieu à une nouvelle collection d’albums chez Dargaud dont les dessins en reprennent l’esthétique numérique.
  • Deux films d’animation en images de synthèse produits, aux USA, par la Fox : le premier en 2004 réalisé par Peter Hewitt, le second en 2006 dirigé par Tim Hill. Deux échecs critiques énormes. Puis trois autres films destinés uniquement au marché vidéo (ceci expliquant sûrement cela).
  • Enfin, Garfield s’est également illustré dans des jeux vidéo (par exemple, dernièrement, dans une version féline de Mario Kart), des jeux de société, des jeux de cartes, etc.

Prédisons que ce succès n’est pas prêt de ralentir, tant les aventures du chat de Davis mettent la pâté à tous les personnages concurrents des strips du monde entier !

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