Si l’on devait mesurer la notoriété d’une bande-dessinée au nombre de déclinaisons qu’il en existe sur les différents supports, la BC Cédric occuperait une place de choix sur le podium. L’œuvre créée par Laudec (au dessin) et Raoul Cauvin (au scénario) en 1986 continue d’être éditée en albums – le tome 29 est paru en 2015 – et s’est infiltrée, en parallèle, dans toutes les couches de la culture.
Il ira loin, ce Cédric !
Outre la bande-dessinée, les aventures de Cédric sont racontées dans une série télévisée animée, diffusée depuis 2001 (sur Canal J puis France 3), dans des jeux vidéo (L’Anniversaire de Chen, sorti en 2008 sur DS, en est la dernière occurrence), et même sous la forme de romans jeunesse dans la collection « Bibliothèque Rose » des éditions Hachette depuis 2002 (23 tomes).
Il était logique que le cinéma s’intéresse à ce succès transmédia. Comme Les Profs, Ducobu, Boule et Bill et consorts, Cédric le film est entré en production, en 2014, en live et avec Christian Clavier dedans. La bonne santé de la BD dans le monde se jauge en effet à son haut taux d’adaptabilité au cinéma : Astérix et Adèle Blanc-Sec en France, Tintin aux USA, les héros de BD sont devenus des stars.
Mais qui est Cédric ?
Cédric, c’est le personnage principal de la BD qui porte son nom. Il a 8 ans, une jolie touffe blonde et un air de sale gosse ; il est éminemment sympathique et espiègle, mais pas spécialement doué pour l’école. Son grand-père dit souvent de lui qu’ « il ira loin », mais en attendant, Cédric va surtout loin dans les sottises. Et pour ça, il est talentueux.
Entre l’institutrice, Mlle Nelly, dont il est amoureux dans les 2 premiers tomes, le prof de gymnastique, avec lequel il se bat pour obtenir les faveurs de la demoiselle, le psychologue de l’école, des parents qui se mêlent de ce qui ne les regarde pas (comme des bulletins de notes, par exemple) et une cousine odieuse, Cédric a fort à faire pour préserver le calme de son quotidien.
Le secret de la BD Cédric ? Des personnages attachants
Ce qui fait la force de cette bande-dessinée, et son triomphe, c’est qu’elle met en scène une communauté de personnages attachants, dont la caractérisation est souvent simple mais toujours réussie. Cédric, d’abord, garçonnet génial, débordant d’énergie et d’idées, bien plus réaliste que son camarade Titeuf auquel on est tenté de le comparer – réalisme qui accentue l’empathie du lecteur.
Sa famille, ensuite, constituée de parents moyens : un père, Robert, vendeur de tapis, une mère, Marie-Rose, femme au foyer puis vendeuse en boulangerie. L’équilibre est soutenu par le grand-père maternel, Jules, dit « Pépé », qui entretient avec son petit-fils une vraie complicité. Il aime autant Cédric qu’il déteste le père de celui-ci, qu’il appelle avec mépris le « vendeur de carpettes ».
L’introduction du personnage de Chen, à partir du 3e tome, initie un gimmick qui se transforme en running gag permanent de la série. Chen est une Chinoise qui intègre l’école de Cédric, et dont celui-ci tombe fou amoureux. Dès lors, la majeure partie de son énergie est consacrée à séduire la jeune fille, et à la tirer des pattes de son rival, le môme d’une famille riche.
Aux origines d’un garnement
Cédric est une création du Belge Laudec, qui a choisi le dessin plutôt que son travail de chargé d’études en électronique et chauffage. Lorsque le médecin lui diagnostique un surmenage sévère, il lui intime l’ordre d’arrêter son double travail – au bureau la journée, devant la table de dessin le soir pour aider à remplir les cases du magazine Spirou.
Mis en contact avec le scénariste productif des éditions Dupuis, Raoul Cauvin, Laudec lui montre quelques planches qu’il a dessinées. Tous deux tombent d’accord sur un petit personnage qui s’appelle Cédric. L’idée, c’est de raconter les péripéties de ce garnement, de sa famille, de ses amis et de son école, sur fond d’un univers réaliste, quotidien, bien vivant, et constamment renouvelable.
Comme tous les dessinateurs, Laudec glisse dans sa BD des private jokes. Mlle Nelly, par exemple, l’institutrice dont Cédric est amoureux au début de ses aventures, est directement inspirée de l’épouse de Laudec, qui exerce le même métier. Elle est d’ailleurs tellement reconnaissable qu’elle (la vraie) a dû changer de coiffure pour que l’analogie ne soit plus si forte !
Un cas d’école
C’est ainsi que la BD Cédric a vu le jour : les premiers strips ont paru dans Spirou en décembre 1986, puis un premier album a été publié par les éditions Dupuis en février 1989. Ce qui se passe ensuite est de l’ordre du mystère : c’est une rencontre inattendue entre un personnage et son public, entre une BD et ses lecteurs. Nul ne sait prédire un tel triomphe, ni le comprendre.
Le 29e tome est arrivé en librairie en 2015, et des strips continuent de paraître dans Spirou à intervalles réguliers. Le Journal de Mickey, un temps, a lui aussi rapporté les aventures de Cédric à ses lecteurs, avant que le flambeau n’en soit repris dans les pages du magazine Télé Star.
Aujourd’hui, Cédric, c’est 100 000 exemplaires qui se vendent par album, 8 millions de volumes écoulés depuis 1989, une diffusion en 9 langues dans 56 pays, et 85% de notoriété auprès de la tranche des 6-14 ans. À croire que les jeunes lecteurs se reconnaissent dans le portrait de ce môme à la fois attachant et épuisant. Comme disait Pépé : « il ira loin », ce Cédric !
Cedric Saison 3 – A chacun son vieux ! (en… de univers_de_Cedric
J’ai déjà les bandes dessinées de Cédric et j’ai déjà vu le dessin animé à la télévision la première fois que ce dessin animé a été diffusé.