Les jeux vidéo tiennent aussi salon. Chaque année, à date fixe, plusieurs villes du monde réunissent la crème des éditeurs de jeux vidéo et les plus acharnés des gamers pour présenter les nouveautés du secteur. C’est pour de tels événements que les grandes firmes comme Sony, Nintendo ou Microsoft réservent leurs annonces les plus fracassantes.
Comment le jeu vidéo a eu droit à sa grand-messe
1994, États-Unis. L’industrie du jeu vidéo est florissante. Les consoles 16-bits (la Super NES de Nintendo, la Megadrive de Sega) ont été des succès mondiaux. La PlayStation, première incursion du constructeur japonais Sony dans l’arène du divertissement électronique, s’apprête à déferler sur la planète.
Pourtant, le jeu vidéo ne dispose pas encore d’un salon dédié. Pour se rencontrer, échanger sur les nouveautés techniques et trouver des financements, les professionnels en sont réduits à se réunir dans des salons généralistes comme le CES (Consumer Electronics Show).
Tout se passe jusque là comme si le marché du jeu n’était pas encore suffisamment sérieux pour avoir sa propre grand-messe. C’est à ce moment que le syndicat des éditeurs américains lance son salon dédié aux jeux vidéo : la toute première édition de l’Electronic Entertainement Expo, qu’on appellera communément E3, ouvre ses portes en 1995 à Los Angeles.
Comment le salon de jeux vidéo est devenu incontournable
Depuis, le succès du salon de jeux vidéo ne s’est pas démenti. Des occurrences se sont créées spontanément partout dans le monde, et chaque continent producteur et consommateur de jeux vidéo déploie un grand événement de ce genre (Amérique, Europe, Asie). Et dans des styles variés, comme par exemple :
- L’Amusement Expo, qui se tient au Las Vegas Convention Center, est le rendez-vous des professionnels (développeurs, éditeurs, fournisseurs) autour du jeu d’arcade ;
- L’European Amusement and Gaming Expo, situé à Londres, est dédiée à l’univers de l’arcade (jeux vidéo, flippers, machines à sous) ;
- La Game Developers Conference (GDC) de San Francisco est elle aussi réservée aux professionnels ;
- L’Interactive & Digital Entertainment Festival se déroule à Cannes, et il est destiné uniquement au business entre professionnels (à la façon du Marché du Film pendant le festival de cinéma).
D’autres événements sont organisés par les éditeurs eux-mêmes, ou par des acteurs du marché :
- La Blizzard Convention, ou BlizzCon, à Anaheim, Californie, est dédiée aux jeux de cet éditeur (World of Warcraft, Diablo…) ;
- Le Micromania Game Show est la grand-messe de la chaîne de magasins du même nom, et se déroule dans et autour de Paris au gré des éditions ;
- Et d’autres qui ont disparu depuis : le Level-5 Vision ou le Nintendo Space World.
Si ces salons sont souvent réservés aux professionnels – éditeurs, producteurs et journalistes – ils tendent à se démocratiser. En 2015 par exemple, l’E3 s’est ouvert timidement à des particuliers ; certes, sur invitations uniquement, mais il est indéniable que les choses changent.
Mais alors, quel est le plus grand de ces salons de jeux vidéo ?
Le plus ancien : l’E3
Nous l’avons évoqué plus haut : l’E3 a été le premier du genre. Étant le salon le plus important du monde vidéoludique, il a évidemment été le théâtre d’annonces retentissantes qui ont marqué pour longtemps l’histoire toute jeune des jeux vidéo. En voici une sélection :
- La présentation par Nintendo de Super Mario 64 sur Nintendo 64, en 1996, à une époque où la 3D est encore un cheval fou difficile à dompter ; le jeu deviendra l’étalon de cette révolution dimensionnelle dans les jeux vidéo ;
- L’annonce du lancement du Xbox Live par Microsoft en 2002, alors que le jeu online sur console est encore tout balbutiant ;
- Le trailer de Zelda : Twilight Princess sur Gamecube et Wii, montré à la toute fin de la conférence de Nintendo : les journalistes présents ont pris une claque inattendue !
Le plus fou : le Tokyo Game Show
Créé en 1996, dans la foulée de l’E3, le Tokyo Game Show se tient tous les ans à Tokyo (comme son nom l’indique si bien). Ou plus exactement dans la banlieue de la capitale nippone. D’une durée de trois jours, il consacre une journée aux professionnels et deux au public.
L’intérêt du TGS (pour les intimes), bien qu’il arrive en 3e position dans l’ordre d’importance des salons après l’E3 et le Gamescom, c’est qu’il se déconnecte volontiers des tendances occidentales du jeu vidéo pour coller au plus près des goûts – parfois insolites – du public japonais.
Notamment, ce salon est le rendez-vous des cosplayeurs. Pour ceux qui ne connaissent pas encore le cosplay, il s’agit d’une tendance qui consiste à se costumer comme ses personnages de jeux vidéo ou de mangas préférés. Les balades dans les allées du TGS sont ainsi rythmées par des rencontres pour le moins… surprenantes !
Le plus européen : le Gamescom
Le rendez-vous majeur du jeu vidéo en Europe se déroule à Cologne. Depuis 2009, le Gamescom a succédé à la Games Convention de Leipzig. C’est le syndicat allemand des jeux vidéo qui en a lancé l’idée en 2008, suite à une édition 2007 de la Games Convention qui fut décevante aux yeux des professionnels.
2e salon le plus important après l’E3, le Gamescom s’est imposé comme le plus grand événement du genre dans toute l’Europe. Il a en outre l’avantage de n’être pas uniquement réservé aux professionnels : le public peut y accéder et mettre la main sur les nouveaux jeux en avant-première.
Le plus cocorico : la Paris Games Week
Créée en 2008 par le syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs, lancée officiellement en 2010, la Paris Games Week a succédé au Festival du Jeu Vidéo qui correspondait de moins en moins aux attentes du public comme des professionnels. Il s’agit de la 5e grand-messe mondiale dans l’ordre d’importance.
Cette « semaine vidéoludique » parisienne s’installe chaque année dans les halls d’exposition de la Porte de Versailles, à la fin du mois d’octobre, pour une durée de trois jours.
Son succès a été immédiat et se poursuit au fil des ans : 120 000 visiteurs en 2010, 245 000 en 2013. Il se pourrait même que ce salon, auquel le public est convié aux côtés des professionnels de la profession, dépasse un jour son grand-frère allemand et entre dans la cour des très grands salons.
L’événement a même droit à sa propre chaîne Youtube, sur laquelle on peut notamment trouver le spot de présentation de l’édition 2015 :