À l’ère des consoles de jeux surpuissantes avec des licences comme Call of Duty ou encore Demon Slayer et des ordinateurs qui permettent d’afficher des textures de plus en plus réalistes, jusqu’à flouter la frontière qui sépare la fiction du réel, ce sont pourtant les jeux vidéo rétro qui ont la cote. Il suffit de chercher un instant sur Youtube pour constater que le rétrogaming est bien plus à la mode que n’importe quelle production aux effets spéciaux délirants proposée sur PS4 ou Xbox One. Voici les raisons d’un succès qui ne se dément pas.
Persistance des jeux vidéo rétro
Les plus jeunes parmi les gamers du XXIe siècle ne s’en doutent peut-être pas, mais au début des années 90, les jeux vidéo ne connaissaient pas encore la 3D, du moins pas la « vraie » 3D que l’on voit aujourd’hui s’afficher avec un réalisme terrifiant sur nos écrans. Sur Super Nintendo comme sur Megadrive, le top de la hype consistait en des sprites animés en 2 dimensions.
Les jeux vidéo rétro, c’est ça : un voyage dans le temps, jusqu’à une époque pas si lointaine où ils ne ressemblaient en rien à ce qu’ils sont maintenant. Un retour en arrière que la plupart des gamers semblent privilégier, si l’on en croit le nombre de Youtubeurs qui, à l’instar du Joueur du Grenier, proposent des tests de rétrograming ou de banals tops de leurs jeux favoris.
Récemment, le magazine américain Retro Gamer a proposé son classement des meilleurs jeux vidéo de toute l’histoire. Et rares y sont les titres qui ont tourné sur des machines au-delà des 64-bit. Pour vous donner une idée, voici le top 5 établi par la revue :
- Super Mario 64 (sur Nintendo 64)
- Tetris (sur Game Boy)
- Shenmue (sur Dreamcast)
- The Legend of Zelda : Ocarina of Time (sur Nintendo 64)
- Super Mario World (sur Super Nintendo)
Sur les 5 premiers, un seul tournait sur une console 128-bit (Shenmue). Et le premier, Super Mario World, donc le jeu préféré des votants, est sorti en 1990, soit il y a 25 ans !
Comment expliquer cet incroyable succès des jeux vidéo rétro ? Pourquoi ont-ils tant la cote auprès des gamers de tous âges ?
Parce qu’il y a une différence entre bon jeu et beau jeu
La course à l’échalote des consoles nouvelle génération, notamment depuis les 128-bit (PS2, Xbox), en matière de technique et de graphisme, ne trompe personne. Et surtout pas les vrais gamers : le jeu vidéo n’est pas un banal divertissement esthétique qui contenterait ses consommateurs en leur donnant du beau et du réaliste. Il faut autre chose.
Le succès de Minecraft, jeu très rétro s’il en est (avec ses grosses brisques de pixels), donne à réfléchir. Au-delà des fans de Lego et des adeptes du rétrogaming que le studio suédois Notch a su séduire, le plus étonnant est bien que Minecraft ait été adopté par de jeunes joueurs, nés dans le bain des consoles nouvelle génération et des jeux vidéo de plus en plus réalistes.
Minecraft est ainsi à l’unisson des besoins et des désirs des gamers, qui ne veulent plus seulement « jouer » à un jeu vidéo, mais vivre une expérience où la liberté de création est le maître-mot. Et, dans ce cadre, ce logiciel de construction à base de briques permet de faire à peu près tout et n’importe quoi : une sorte de réalité secondaire, pixellisée et totalement immersive.
Le fait que Minecraft s’inspire de l’esthétique des jeux vidéo rétro est donc une façon de rejeter le « tout-esthétique » des jeux récents, tout en privilégiant la créativité.
Parce que le gameplay est meilleur
Mis à part peut-être dans le genre très spécifique du RPG (jeu de rôle), il semblerait que les éditeurs aient basé leur business model sur la simplicité et la rapidité. Simplicité du gameplay : produire des suites à tire-larigot en conservant les mêmes principes de jouabilité que les précédents opus, de façon à ne prendre aucun risque auprès des joueurs.
Et rapidité, parce que les jeux contemporains misent sur des aventures qui se bouclent en quelques heures, et que l’on peut ensuite prolonger en ligne. La série des Call of Duty en est un excellent exemple.
Mais au-delà du temps de jeu se pose la question de la difficulté, inhérente à l’expérience du gamer. Les jeux actuels semblent avoir développé un gameplay plus poussé, en ce qu’ils offrent un plus grand panel de possibilités (de gestes, de mouvements, d’actions), plus proche de la réalité. Or, ce qui fait la qualité des jeux vidéo rétro, c’est le challenge qu’ils représentent pour le joueur.
En regardant la vidéo ci-dessous, vous pourrez constater ce qu’on retrouve dans 99% des tops du même genre sur Youtube : parmi les jeux les plus difficiles, on compte essentiellement des jeux vidéo rétro.
C’est d’ailleurs dans cette direction que semblent aller de plus en plus d’éditeurs. Dans un article intitulé « La vogue des jeux de survie », publié dans le numéro de novembre 2015 de la revue Books, le journaliste soulignait la mode des jeux proposant une expérience de gameplay à la fois très réaliste et extrêmement difficile, où l’objectif consiste simplement à survivre.
Parce que ces jeux ont marqué leur génération
Enfin, il s’avère que les jeux vidéo rétro ont marqué des générations entières de gamers. Soit parce qu’ils ont incarné une révolution – c’est le cas de très nombreux titres de la première PlayStation, qui ont changé à tel point le gameplay que les nouvelles générations se reposent encore dessus. Soit parce qu’ils renvoient à une période donnée de la vie.
Et c’est bien cela, le principal moteur du rétrogaming, cette force qui peut pousser un gamer (jeune ou moins jeune) à prendre la manette pour parcourir un monde en 2D, pixellisé et grossier, illustré par des musiques parfois simplistes. Ce désir inextinguible de retourner aux bons vieux jeux NES plutôt que d’allumer sa PS4, c’est la nostalgie.
Et rien ne peut battre la nostalgie !